Dans son livre, “Le chien, cet animal qui nous échappe”, Audrey Ventura, comportementaliste chien-chat et éducatrice canin, aborde le sujet de l’incompatibilité éthologique entre les besoins du chien et nos exigences humaines.
L’auteur nous présente différents exemples où elle nous évoque le réel besoin physiologique du chien et comment nous, humains, empêchons ce besoin de s’exprimer par notre façon de voir les choses ou par nos a priori.
J’ai choisi de vous parler de 4 de ces exemples qui m’ont particulièrement parlés, des choses que j’ai souvent entendues de la part de propriétaires de chiens qui, très souvent, voient ces choses comme des comportements gênants alors qu’ils sont tout simplement NATURELS pour nos chiens.
Naturellement le chien aura tendance à trotter ou à courir, ce n’est pas une espèce qui marche. Sa vitesse de croisière moyenne en promenade est de 15km/h contre 4km/h en moyenne pour les humains. Une sacrée différence n’est ce pas ?
L’auteur nous dit : “Pour le chien, l’humain est lent, comme nous trouvons désagréable de marcher des kilomètres en tenant la main d’un enfant de 2 ans”.
Cependant, beaucoup d’humains demandent à leur chien de marcher au pied et en laisse…
Dans ce cas, la balade n’est plus un moment de plaisir, de découverte, de dépense physique et psychologique, mais peut devenir un moment de stress et de frustration.
Pour y remédier nous pouvons proposer au chien des promenades en liberté ou en longe pour les chiens n’ayant pas de rappel. Une longe de 10 ou 20 mètres permettra à votre chien de respecter davantage sa vitesse de croisière, de pouvoir flairer à sa guise, de profiter de sa promenade et de lui offrir l’espace nécessaire pour communiquer correctement lorsqu’il rencontre un congénère.
Vous pouvez également faire appel à un éducateur canin qui vous aidera à travailler le rappel de votre chien.
Si votre chien a un bon rappel mais que vous êtes malgré tout inquiet à l’idée de le laisser en liberté, vous pouvez utiliser un collier GPS pour chien qui vous permettra de suivre votre chien sur votre téléphone si celui-ci échappe à votre vigilance.
Pour le chien, une rencontre avec un congénère doit se faire en plusieurs temps, dans l’idéal en liberté, avec de l’espace afin qu’il puisse effectuer la “chorégraphie” de la rencontre, s’éloigner s’il le souhaite, flairer pour faire redescendre son rythme cardiaque, communiquer de la bonne façon et surtout sans l’intervention d’un humain qui peut brouiller voire empêcher le bon déroulement d’une rencontre.
Malheureusement, beaucoup de personnes continuent d’imposer à leurs chiens des rencontres en laisse dans des lieux beaucoup trop étroits. Bien souvent, l’humain, malgré lui, étant lui-même un peu stressé par cette rencontre (comment mon chien va réagir ?
Comment le chien rencontré va-t-il réagir ?…) va transmettre à son animal son stress et son inquiétude par une tension sur la laisse, par des micro expressions visuelles auxquelles les chiens sont très sensibles, et probablement par l’émission de phéromones de stress.
Cette rencontre frontale, déjà vue comme très impolie par le chien, risque de se transformer en source de stress et de frustration pour le chien, qui ne peut pas communiquer correctement et ressent l’inquiétude de son référent. Reproduite trop souvent, on risque de voir apparaître un comportement de “réactivité” chez notre chien.
Pour le bien-être de votre chien, évitez donc les rencontres en laisse dans des endroits étroits, et privilégiez plutôt de grands espaces où votre chien pourra rencontrer un congénère en liberté ou en longe tout en pouvant communiquer correctement. L’humain doit intervenir le moins possible. Vous êtes là pour veiller et analyser que la rencontre se passe bien et que votre chien est à l’aise.
Dans le cas contraire, n’hésitez pas à en informer le propriétaire de l’autre chien et éloignez vous afin de rappeler vos chiens chacun de votre côté.
Si votre chien est en liberté et qu’il va croiser un autre chien qui lui est en laisse, rappelez votre chien et demandez au propriétaire de l’autre chien si il est ok pour une rencontre. Ne laissez pas votre chien y aller sans l’accord du propriétaire. Son chien est peut être craintif, en convalescence, en plein travail sur sa propre réactivité… Le fait que vous laissiez votre chien y aller avant de demander l’accord du propriétaire pourrait ruiner tout le travail qu’il est en train de faire avec son chien…
L’odorat est le sens le plus développé du chien. Le chien est capable de discriminer plus de 500 000 molécules odorantes et de déceler UNE odeur précise parmi une multitude.
Il est génétiquement conçu pour explorer l’environnement, pister les odeurs, les identifier, laisser les siennes.
Grâce à ce sens, le chien est capable de connaître l’identité d’un individu, son sexe ou encore son état physiologique. Il est également capable de “sentir” un danger ou un stress subi. On peut notamment observer cette capacité lors de la visite chez le vétérinaire.
Ce sens a une très grande importance dans sa communication.
Cependant, nous avons tendance à ne pas laisser notre chien flairer ou très peu. Nous demandons à notre chien de marcher en laisse en lui demandant de ne pas s’intéresser aux déjections laissées par ses congénères sous prétexte que “c’est sale”… Quand, par malheur, notre chien s’arrête sur une odeur et prend le temps de l’analyser, nous le tirons pour qu’il arrête et avance plus vite car nous n’avons pas le temps ou pas l’envie qu’il renifle cette chose dégoûtante, à nos yeux d’humains.
En faisant cela, nous privons notre chien d’un moyen essentiel pour lui de maintenir le contact avec ses congénères.
Il est aussi important de savoir que le fait de flairer permet à votre chien de faire diminuer son rythme cardiaque de presque 40%.
En balade, prenez donc le temps de laisser votre chien flairer et analyser les odeurs laissées par ses congénères. Sa balade n’en sera que plus enrichissante et apaisante. Laissez-lui le temps de communiquer.
L’auteur nous explique que, pour des raisons liées à la prédation, le chien est un animal qui se roule dans la boue ou dans les odeurs fortes afin de se fondre dans l’environnement et ne pas être perçu par les proies.
Il arrive aussi que, après un bain ou l’application de produits, le chien se roule dans la boue ou dans des odeurs désagréables (pour nous) afin de faire disparaître cette odeur de produits chimiques et retrouver sa propre odeur.
Le chien peut aussi adopter ce comportement, dit primitif, car cela lui procure du bonheur et lui fait du bien.
On peut voir aussi des chiens qui se couchent dans la boue pour se rafraîchir après une balade.
Mais ces comportements, naturels, ont tendance à nous déranger car nous ne voulons pas voir notre chien revenir en étant couvert d’excréments, couvert de boue et même parfois simplement mouillé après une petite baignade dans un ruisseau. Sous quel prétexte ? L’odeur dégagée par le chien, le fait qu’il va salir la maison, salir notre voiture…
En sachant qu’il s’agit d’un comportement naturel chez le chien, lui procurant du bien-être, ne pouvons-nous pas laisser de côté notre point de vue et nos exigences humaines et laisser notre chien être juste un chien ?
Vous pouvez également protéger votre voiture à l’aide d’une bâche spéciale adaptée au coffre et facile à nettoyer. Prévoir également un peu d’eau et une serviette pour nettoyer un minimum votre chien avant de le faire monter en voiture.
Dans la mesure du possible, rincer le chien uniquement avec de l’eau. En effet, l’utilisation de produits de façon trop régulière va fragiliser la couche protectrice que le chien possède sur sa peau.
Il s’agit là que de quatre exemples parmi les nombreux que présente l’auteur. Il y en aurait encore tellement d’autres à citer…
Il est important, quand nous adoptons un chien, de comprendre ses besoins et de ne pas rester concentrés sur la façon dont nous, en tant qu’humain, nous voyons les choses.
Ne pas comprendre les besoins éthologiques de notre chien, ne pas y répondre ou chercher à les empêcher risque très fortement d’entraîner par la suite des comportements dits “gênants” que nous aurions encore plus de mal à gérer que le fait de s’adapter un peu plus à notre chien…
Alors, pourquoi ne pas accepter le chien tel qu’il est, avec toutes les caractéristiques, les besoins, la communication, qui le caractérisent en tant qu’espèce et en tant qu’individu et nous adapter plus à lui ?
La compréhension, la collaboration et le respect sont les bases d’une relation saine et équilibrée. Soyons acteurs du bien-être de notre chien, respectons-le davantage. Nous avons tellement de choses à y gagner…
Je suis à votre disposition pour toutes informations ou demande de prises de rendez-vous.